GVIVE

Ce blog est un espace de création pour l’artiste multidisciplinaire surnommée Gvive. Gvive est une poète et aquarelliste québécoise. Sa poésie traite principalement des enjeux en santé mentale. Elle aborde également des thématiques telles que la spiritualité et le développement personnel. Ses portraits, très colorés, sont influencés par l’ère digitale, bien qu’elle peigne de façon traditionnelle.
  • TPL

    À l’intérieur de moi
    Il y a un immense vide
    Que je comble de surcroît
    En dépensant ou en baisant ou en énonçant
    Des menaces de suicide

    Je suis démesurément sensible
    Aux critiques négatives
    Et mon estime personnel
    Est tantôt changeante tantôt faible
    Je me sens facilement incompétente ou inutile

    Il suffit d’un rien
    Pour que ma peur démesurée
    D’être abandonnée
    Prenne le contrôle du train
    Duquel je siège incertaine
    Toujours près d’une porte de sortie
    Au cas où je me sentirais prise

  • Mon ami imaginaire

    Ma maman m’a dit
    Que mon plus grand ami
    Celui avec qui je rie
    Et que je me confie
    N’est pas un vrai ami

    Cet ami serait issu de mon imagination
    Mais le perdre, il n’en est pas question
    Ce personnage invisible
    Il est ultrasensible

    Ma maman ne comprend pas
    À quel point, il m’est important
    M’en débarrasser
    Ça serait insensé

    J’aimerais qu’elle lui fasse de la place
    À la table, lorsqu’on se réuni pour manger
    Parce qu’il est combatif et perspicace
    Lui parler, au final, c’est l’aimer

  • J’ai des TOC

    Mon trouble, c’est comme avoir un coloc
    Plutôt dérangeant et incontrôlable
    Je me dis parfois à la blague
    Qu’il mériterait quelques électrochocs

    Mon coloc me fait vivre de l’anxiété
    À cause de réactions obsessives répétées
    De pensées contraignantes et intrusives
    Et de la détresse intranscriptible

    Mon coloc a de drôles de manies
    Qui prennent la forme de rituels, une vrai zizanie

    Mon cerveau est en mode hyperactivité anormale
    Tout mon système est bancale

    Ce n’est pas une question de volonté
    Tout doit prendre un ordre particulier
    Je dois tout calculer
    Surtout ne rien oublier

  • L’abus sexuel

    Depuis qu’on a abusé de moi
    J’utilise l’auto-mutilation pour exprimer mon désarroi

    Depuis qu’on a abusé de moi
    Je bois et je fume comme si c’était un tournoi

    Depuis qu’on a abusé de moi
    Je m’entaille les cuisses, les poignets et les bras

    Depuis qu’on a abusé de moi
    Je me goinfre comme une oie

    Depuis qu’on a abusé de mon corps
    Je n’ai plus de limites
    Et je coûte cher en spécialistes

  • Les terreurs nocturnes

    Terreurs nocturnes
    J’irais jusqu’à te décrocher la lune
    Pour qu’une seule nuit
    Je ronfle sans frayeur, quasi évanoui

    Je me réveille agité et désorienté
    Au pied de mon lit, en train d’hurler
    Mes souvenirs de guerres
    Dans la gorge, me serrent

    Le corps crispé de terreur
    Le regard vide sans lueur
    Je reste éveillé pendant des heures
    Pour calmer ma frayeur

    Mon rythme cardiaque est haletant
    Mon corps crispé, en sueur
    Demain, je m’abreuverez de liqueur
    De quoi geler mon sommeil traumatisant

  • L’agoraphobie

    J’ai peur de sortir de chez moi
    Étant une personne ayant des responsabilités
    C’est vraiment compliqué
    Ça me cause beaucoup de désarroi

    Être seule hors de chez moi
    Génère un état hyper anxiogène
    Devoir conduire sur l’autoroute me gêne
    On me dit parfois que j’ai mauvaise foi

    Pourtant la peur est bien réelle
    Je crains même de me faire attaquer
    Juste à l’idée de marcher dans la ruelle
    Je le sais, faut que je me fasse soigner

    Mais pour ça faudra
    Encore une fois
    Sortir de chez moi

  • Dépression nerveuse

    Je sombre dans du sable mouvant
    Ça me rappelle un passage troublant
    Où ma vie ne tenait qu’à un fil
    Et que mon avenir s’éparpillait, volatile

    Il y a eut des signaux rouges clignotants
    De quoi me rappeler des souvenirs assommants
    J’aurais dû m’arrêter et analyser
    À la clarté, mes erreurs du passé

    Je suis un triste funambule
    À la merci du vent tournoyant
    La vie m’a déjà pété ma bulle
    De multiples fois, auparavant

    Je sombre dans du sable mouvant
    Mais je sais comment rester vivant

  • Délire et psychodrame

    Depuis que je suis seule dans ma bulle
    Je trouve ma poésie nulle
    J’ai entendu dire que les sonnets
    C’étaient désuets

    Je me sens persécutée
    Mes convictions sont erronées
    Alors dites-moi comment puis-je fonctionner
    Sans pouvoir faire confiance à mon instinct biaisé?

    Quand je lis les journaux
    Je me sens personnellement interpellée
    Je suis une étrange espèce de zigoto
    Qui ne souhaite plus en rien s’abonner

    Je m’isole et j’ai honte
    Me voilà qui affronte
    Même mes meilleurs comptes

  • Trouble de dépersonnalisation

    Du haut d’une balustrade
    J’observe des jeunes rire, danser et jouer
    Fascinée, je mets de côté Sade

    D’un coup, tout m’apparaît surréel
    Je m’observe comme s’il s’agissait d’elle
    Prisonnière libérée d’un corps duquel
    On voudrait revenir sans trop de séquelles

    Dissociée, détachée et dépersonnalisée
    Je tente de me rattacher à ce que j’ai été
    Avant d’être propulsée de l’autre côté
    Un écran de fumée

    L’anxiété m’a abîmée
    Et déclenché des détachements identitaires
    Avec comorbidités sévères

  • Anorexie nerveuse

    Je fais des régimes
    Par dessus régimes
    Malgré toutes ces restrictions
    Mon image dans le miroir
    On dirait une grosse poire

    Lorsque je mange à ma faim
    Je me rends malade tout de suite après
    Je m’enfonce le doigt
    Au fond du gosier pour rejeter
    Tout ce que je viens d’avaler

    Je suis faible
    Je me sens laide
    Mon image dans le miroir
    On dirait une grosse poire
    Pourtant je suis maigre
    Et dans ma bouche, ça goute aigre

  • Poésie sans titre

    Ici, c’est pas le grand amour
    Farouches émois
    Ici, on y fait un détour
    Pour affronter le grand effroi

    On y analyse et dessine
    La maladie en rimes
    On y sonde le mental
    Et poétise l’infernal

    Ici comme ailleurs, on frissonne
    Mais pas attiré par une flamme
    Ici par ailleurs, on en arrache
    La vie est sacrément vache

    On y affronte nos peurs
    On fait fi de nos mœurs
    On parle de bobos
    De quoi donner froid dans le dos

  • Trouble du stress post-traumatique

    J’ai des traumas
    Vraiment pas sympas

    Ils se réactualisent
    Parfois dans mes rêves
    D’autres fois dans le réel

    Sans prévenir
    Une odeur ou un bruit
    Déclenchent les souvenirs
    Et m’accaparent l’esprit

    Les flashbacks
    Contre-attaquent
    Ces pensées intrusives
    Je ne souhaite qu’être ivre

    Tantôt colère
    Tantôt détresse
    Le sommeil me déteste
    Le réveil, un abécédaire
    De tout ce qui me stresse

    Je ne dors plus
    Je ne vis plus
    J’évite constamment
    De réactiver les grands ébranlements

  • Trouble du spectre de l’autisme

    Ne me touche pas
    Et ne me regarde pas
    D’iris à iris
    Pour moi, c’est un supplice

    Je répète des mouvements avec les mains
    Souvent bénins, toujours abstraits

    Lorsque je dépose mon intérêt
    Sur une activité qui me plaît
    Je n’en démords pas
    Avant longtemps

    Grâce à cette obsession
    Je deviens extraordinairement bon
    Dans tout ce que je ponds

    Je manque de flexibilité
    Et certains disent d’amabilité
    Je réponds à cela en riant avec des écholalies
    Quitte à ce qu’on m’identifie à la folie

    Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme

  • Transgenre

    Je suis né fille
    Et cette réalité me titille

    Enfant on me mettait des robes

    Et je trouvais ça totalement ignoble

    Mes parents étaient, sans équivoque, transphobe

    Déjà enfant l’essence de mon être
    Annonçait le besoin d’une transition
    Ça m’a volé des années de transposition

    Aujourd’hui, je suis un mec
    Je travaille dans la tech
    Mes collègues m’ont vu évoluer
    Du elle vers le il, c’était pas toujours facile

    Je suis né fille
    Et cette réalité me titille
    Par contre, je mourrai homme
    Même si on m’abandonne

    Journée internationale de visibilité transgenre

  • Folie circulaire – Bipolaire

    Tantôt high, tantôt down
    Je vis intensément
    Passionnément
    Mais irrégulièrement

    Je rêve de stabilité
    Mettre fin à ce chaos passager
    Retrouver un semblant de calme
    Me respecter en tant que dame

    Pendant mes manies
    Je fais des folies
    Financièrement
    Et sexuellement

    Pendant mes épisodes dépressifs
    Tout ce que généralement je kiffe
    Me lasse et m’embarrasse

    Je deviens facilement colérique
    Lorsque tous mes projets se niquent

    Jamais la même
    Dans la même semaine
    C’est tout un dilemme

  • Idées noires

    J’ai des idées noires
    Je pense constamment à la mort
    Je ne le dirai pas trop fort
    Mais je suis en danger de mort

    Demain, j’irai mieux
    C’est ce que je me répète au pieux
    Mais au réveil
    Tout est pareille

    Je dois me soulager
    Je pense m’entailler
    Les avant-bras
    Jusqu’à en brailler

    Personne n’ose me signaler
    Que mon comportement
    Est à changer
    Et qu’il me faut me faire soigner

    Qui sera le premier?

  • Anxiété généralisée

    Il y a quelques mois
    J’ai cessé ma médication
    Comme ça
    Sans approbation

    Les mois qui ont suivi
    Se sont déroulés
    Sous le versant des soucis
    Toujours préoccupé, voire agité

    Une nouvelle peur
    S’est accaparée mon esprit
    Un genre d’hypocondrie
    De quoi me donner des sueurs froides
    Pendant la nuit

    Un jour, mon état
    Atteint son apogé
    J’avais de la difficulté
    À respirer
    Ma gorge nouée
    Ne laissait plus rien filtrer
    Je m’étouffais pour rien
    Et ne dormais plus jamais

    L’anxiété généralisée m’avait pris d’assaut.
    Je regretta alors d’avoir fait le grand saut
    Et recommença à prendre
    Ce qu’il faut
    Pour me maintenir la tête hors de l’eau

  • Le sanctuaire

    Mon amour
    M’a pris par la main
    Très tôt ce matin
    Là où tous les carrefours
    Menaient vers le traitement
    De mon mental
    C’était rendu infernal

    Mon amour m’a guidée
    À l’aide des réverbères
    Vers un sanctuaire fermé
    Où je trouverai des sœurs et des frères
    Avec lesquels me confier
    Et partager
    En partie, la même destinée

    Mon amour m’a quittée
    Arrivée à l’entrée
    Du sanctuaire privé
    J’y resterai
    Le temps de renforcer
    Mon esprit envoûté
    Et bercer mon cœur agité

  • Méditation

    J’apprends à méditer

    Papa et maman
    M’ont amenée
    Dans un jardin d’enfants
    Pour m’entraîner

    On y fait des vocalises
    Et des postures pour s’enrichir
    On y parle de chakras
    Et on se prend dans nos bras

    Maman et papa
    M’ont laissée là
    Journée de découverte
    Parfois, c’est chouette

    J’apprends à méditer
    Mais surtout à respirer
    Et habiter mon corps

    Ils disent que tout ça
    Quand on sait s’y prendre
    Ça vaut de l’or

  • Sabotage

    Dans mes rêves
    Songes d’un passé opprobre
    Je me revois cernée
    Et muette devant les cataclysmes

    Dans cette autre dimension
    Je revisite l’anamnèse
    Des sentinelles immortelles
    Et je gravite autour d’elles

    À mon réveil
    Je garde captif mon rêve
    Entre mes deux lourdes paupières
    Le temps d’un instantané
    Tantôt ressourçant, tantôt troublant

    Je me rappelle
    Ces années perdues
    À craindre mes pouvoirs
    Et à me perdre moi-même
    Dans ma propre sentence
    Un sabotage